Aujourd’hui une origine multifactorielle est retenue et la dimension neurodéveloppementale des troubles est partagée par la communauté scientifique. Cela signifie que le développement du cerveau est différent, notamment lors de la formation des réseaux neuronaux grâce aux synapses, ceci au cours de la grossesse mais également lors des premières années.
Chez les enfants à risque d’autisme, les connexions neuronales ne s’organisent pas en faisceaux et ceci aura de nombreuses conséquences : une intégration sensorielle particulière, des troubles de la communication et du langage, des interactions sociales originales, et des centres d’intérêts restreints et répétitifs.
La dimension environnementale est également retenue, notamment les effets du stress in utero, la prématurité, les situations de guerre ou de violence, mais aussi peut-être la pollution.
La composante génétique est présente dans la répartition de l’autisme : trois garçons pour une fille. L’incidence est environ de 10% dans la population.
En 1996, l’autisme est reconnu comme un handicap en France.
Les parents repèrent souvent très tôt les difficultés de leur enfant, tout en n’étant pas toujours entendus par les professionnels et il est fondamental que les familles soient écoutées et soutenues. Le dépistage précoce est une démarche à soutenir et à développer, dès les premiers moments d’observation de symptômes tels que l’absence de regard, un nourrissage, un sommeil, un portage difficile.
Il y a autant de tableaux d’autisme que de personnes autistes.
Nous soutenons une prise en charge pluridisciplinaire inventive et respectueuse de cette diversité des symptômes, qui sont à la fois une difficulté et une richesse. Chaque enfant présentant un autisme mérite qu’on invente avec lui son chemin dans le pays et la société où il vit.
Depuis maintenant plusieurs années, il est de plus en plus souvent question d’autisme en Afrique. Chaque année voit des avancées se réaliser pour la connaissance de ce trouble. Le dépistage et la prise en charge des personnes présentant les diverses particularités, mais aussi l’information et la sensibilisation des familles ainsi que la formation des professionnels, toutes ces démarches se développent avec beaucoup d’élan.
Le terme autisme n’existe pas dans les multiples langues d’Afrique.
Autisme Afrique Alliance rassemble des associations de professionnels et de parents de six pays : Côte d’Ivoire, Bénin, France, République du Congo Brazzaville, République Démocratique du Congo RDC, Rwanda.
Notons qu’en occident, le terme est utilisé par Kanner en 1943 pour dénommer l’autisme. Il est donc importé par la langue, avec la lecture occidentale de la psychopathologie de l’enfant.
Dans toutes les langues africaines les mots pour dire ce que recouvre l’autisme sont très divers et font référence à des pouvoirs liés aux ancêtres, aux génies et à la magie.
Si l’autisme est, dans de nombreux pays occidentaux, une cause nationale et un problème de santé publique, il n’en est pas encore de même dans la plupart des pays africains.
« La prise en charge des enfants en situation de handicap, surtout psychique, constitue un véritable problème sanitaire, socio-économique et culturel. C’est un contexte marqué d’une forte discrimination et stigmatisation envers les enfants en situation de handicap avec l’idée qu’un enfant qui ne parle pas n’est pas humain et que c’est un génie ou un sort maléfique qui est à l’origine de sa naissance, c’est l’idée qu’il n’est pas d’ici. » nous dit Anna Corinne Bissouma, pédopsychiatre responsable du Centre Marguerite Té Bonlé de l’Institut national de Santé Publique à Abidjan, Côte d’Ivoire.
Une grande méconnaissance de ce trouble, appelé « maladie des blancs » persiste. La situation de handicap psychique bouleverse la vie quotidienne du jeune patient et son entourage. Ces enfants sont gardés dans les maisons et ne fréquentent pas l’école. Les familles sont désemparées, prises entre plusieurs visions de l’autisme.
La situation évolue petit à petit, et les actions d’AAA avec les associations locales visent à faire connaître une autre réalité, qui facilite la prise en charge de ces enfants à travers l’éducation, la scolarisation et les soins.